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Comment 1999 a contribué à révolutionner le cinéma

Peux-tu commencer par te présenter ?

Si la musique, en particulier le rap français, fait partie intégrante de votre quotidien, vous avez déjà un lien précieux avec notre artiste du mois. Mais ce que vous ignorez encore, c’est à quel point cette immersion dans son univers va être captivante. 

Des noms tels qu’Aya Nakamura, SCH, Dinos, Ninho, Booba, PNL, Kalash Criminel, Freeze Corleone et bien d’autres encore ont croisé le chemin de celui qui se fait appeler Mister Fifou. Et si ce nom ne vous dit toujours rien (vraiment ?), alors il est temps de plonger dans l’univers du directeur artistique et photographe le plus réputé de l’industrie !

Mister Fifou ne se contente pas de capturer des images, il capture des émotions, des moments et conte des histoires. Il nous a livré un tas d’anecdotes, mais ce qu’on retient surtout, c’est qu’il n’est jamais rassasié. 

Depuis l’âge de 17 ans, sa quête insatiable de la « belle » image le guide et le pousse toujours plus loin. Il compte aujourd’hui plus de 1000 pochettes d’album à son actif. Mister Fifou a séduit une pléiade d’artistes et son talent va bien au-delà de la photographie, il est un maître de la collaboration, mettant en lumière le travail d’équipe dans une industrie souvent obscurcie par les projecteurs. Comme il aime le rappeler : « Pour moi, une photo est comme un long métrage. À la fin du film, il y a le nom du réalisateur, suivi de centaines d’autres noms qui ont contribué. »

Embarquez avec nous pour un voyage au cœur de la créativité, de l’art et de l’âme du rap français. Laissez-vous emporter par l’histoire passionnante d’un homme passionné, qui redéfinit sans cesse les limites de son art.

Peux-tu commencer par te présenter ?

Moi, c’est Fifou, je suis photographe et directeur artistique depuis 20 ans. Je travaille dans plusieurs domaines, mais celui où je suis le plus reconnu, c’est le milieu du rap. Je travaille avec beaucoup d’artistes français, américains, et maintenant anglais. Je suis un peu un forcené de l’image dans la culture urbaine, et je fais ça depuis que j’ai 17 ans.

Peux-tu nous expliquer ta manière de travailler avec les rappeurs et autres artistes ?

Comme le rap fait partie de moi, je n’ai pas l’impression de bosser (rires). Plus sérieusement, je suis toujours en train de noter des idées ! J’en ai entre cinq et dix par jour, et il y en a certaines que je ressors, que je retravaille en fonction des projets. Il faut savoir qu’on ne nous briefe pas toujours sur les albums. Parfois on nous dit seulement : “Voilà, il va s’appeler comme ça”, et il m’est même arrivé de ne pas recevoir le titre. Certains me disent “j’ai une idée, une envie, une couleur qui me plaît, je voudrais qu’on pousse dans ce sens-là.” et on confronte nos visions, c’est ce qu’il s’est passé avec SCH notamment. Ensuite, je propose des moodboards et beaucoup de dossiers avec ce qu’on appelle des “pêles-mêles”. On rentre dans des échanges, puis on monte une équipe sur mesure pour chaque projet.

Comme le rap fait partie de moi, je n’ai pas l’impression de bosser (rires). Plus sérieusement, je suis toujours en train de noter des idées ! J’en ai entre cinq et dix par jour, et il y en a certaines que je ressors, que je retravaille en fonction des projets. Il faut savoir qu’on ne nous briefe pas toujours sur les albums. Parfois on nous dit seulement : “Voilà, il va s’appeler comme ça”, et il m’est même arrivé de ne pas recevoir le titre. Certains me disent “j’ai une idée, une envie, une couleur qui me plaît, je voudrais qu’on pousse dans ce sens-là.” et on confronte nos visions, c’est ce qu’il s’est passé avec SCH notamment. Ensuite, je propose des moodboards et beaucoup de dossiers avec ce qu’on appelle des “pêles-mêles”. On rentre dans des échanges, puis on monte une équipe sur mesure pour chaque projet.

Tu collabores toujours avec des artistes dont tu connais les œuvres ?

Non, justement, pas forcément. Moi, je ne marche qu’à l’image ! Il y a des personnes qui m’inspirent immédiatement. Que ce soit 13 block, Gazo, Niska, tous ces artistes-là, il y avait une forte connexion visuelle dès le départ. Mais je travaille autant avec des artistes confirmés qu’émergents, et c’est déjà arrivé que je ne connaisse aucun son. Dernièrement avec Freeze, je n’ai découvert sa musique que lorsqu’on shootait, je n’étais au courant de rien. Il est venu, on a fait notre taf et ensuite il m’a indiqué vers où il voulait aller en post-prod. Ou encore prochainement, je vais bosser avec un artiste qui s’appelle Serane, je ne connaissais pas du tout son univers. Il m’a fait écouter et j’étais complètement perdu (rires), mais visuellement, il a un truc qui m’a tout de suite parlé. En plus de ça, humainement, ça se passe bien, donc tant mieux. Je cherche avant tout à faire de la belle image.

Mais lorsque tu ne connais pas totalement un artiste, s’il faut réaliser sa pochette d’album, ce n’est pas contraignant pour retranscrire son univers ?

C’est beaucoup de discussions. 95% de ma playlist est cainri (américaine), donc en comparaison, je n’écoute pas beaucoup de rap français. Je crois que dans la journée, je vais peut-être écouter 10 titres de rap et ce ne sont pas forcément les albums sur lesquels je bosse. Par exemple, quand j’ai taffé sur Julius, je n’ai pas le souvenir d’avoir été en studio pour l’écouter. Limite j’aime bien fantasmer un peu le contenu. Puis, le rap, c’est tellement quelque chose qui fait partie de moi que je suis au courant de tout ce qui se passe, de toutes les tendances, visuellement en tout cas. Encore aujourd’hui si je propose quelque chose ce ne sera pas quelque chose de daté. Enfin, j’essaie, c’est un combat.

Quelle est la relation que tu entretiens avec ces artistes ? Est-ce que vous shootez ensemble puis plus de news, ou alors vous entretenez le lien, vous essayez de vous revoir, vous essayez de collaborer de nouveau ensemble mais autrement ?

J’ai des relations différentes avec tous les artistes que j’aime, et par rapport aux dix premières années de ma carrière, elles n’ont rien à voir avec celles que je vis aujourd’hui. Maintenant, les rappeurs sont des rockstars. Tous les gros artistes ont une vie ultra chargée. Ils sont tout le temps sur la route. Avec Big Flo et Oli, on arrive à se voir beaucoup. Enfin, “beaucoup”, ça veut dire deux heures de réunion par semaine pendant un mois max, puis après on shoot et basta. Parce qu’eux-mêmes n’arrivent pas à avoir un rendez-vous avec eux-mêmes en fait, tu vois ? Ils sont débordés, ce sont des stars ! Gazo aujourd’hui c’est trop. Le mec est tout le temps en festival, il performe devant 50 000 personnes tous les jours. Donc forcément, quand on s’est connu il y a trois ans, on se captait pendant deux heures et on chillait, aujourd’hui c’est de moins en moins possible. Les artistes avec lesquels j’ai les meilleures relations, ce sont surtout ceux avec qui je suis parti à l’étranger. Je pense à SCH, Dinos et Gazo. Avec Dinos d’ailleurs, je n’ai pas fait que des pochettes, je l’ai suivi sur 3-4 années, donc ça a été aussi des photos de presse, des photos sur des clips, j’ai co-réalisé un clip avec lui à Dakar d’ailleurs, on a vécu beaucoup de choses. Je dirai que de façon générale, j’ai un lien très humain et très amical avec tous les artistes. Que tu sois PNL ou Prince Waly, pour moi c’est la même, je te considère comme un grand artiste. Que tu vendes ou que tu ne vendes pas, que tu sois connu ou pas, j’aurai la même approche. En tout cas, depuis vingt ans dans ce milieu, personne n’a pu dire: « Bah tiens, il m’a basé parce qu’il bosse avec tel artiste ».

Comment allies-tu justement, l’imprévu de cette vie d’artiste et ta vie en tant que Fabrice, qui veut potentiellement mener des relations etc ?

C’était trop dur ! Maintenant ça va mieux, parce que le “sale” c’est fini. Ce que je veux dire par “sale”, c’est quand tu ne distingues pas assez ta vie personnelle de ton métier. Quand t’es passionné, t’as pas de limites. À mes débuts, les vacances c’était compliqué. Parce que j’aimais trop mon travail, j’arrivais pas à couper. J’étais à la limite de l’excès, c’est quelque chose qui n’est pas évident à gérer. Quand t’es en couple avec quelqu’un, que ce soit un mec ou une meuf et qu’il faut lui faire comprendre qu’il ou elle passe au second plan, c’est compliqué.

Parce que c’est un métier... passion.

Ouais, c’est un peu le piège d’un métier passion, je pense, parce que le moindre détail, avis, va te perturber. Aujourd’hui, en métier passion reconnu, il y a influencer ou youtubeur. Ça ne doit pas être facile à vivre. Une Léna Mahfouf, par exemple, quand elle poste, elle se fait automatiquement critiquer. Même si c’est pour ton travail, tu te sens touché personnellement et c’est compliqué de garder le filtre “boulot”. Personnellement, j’arrive à couper, à faire du sport, à me reposer, à souffler les week-ends, le soir ne plus répondre au téléphone, même si je continue à travailler dans mon coin, etc. Il faut, c’est trop important sinon tu te fais absorber.

Comment définirais-tu ton style artistique ? Qu’est-ce qui fait qu’on se dise: « ça c’est du Fifou » ?

Je pense que mon style est avant tout lié au travail de mise en scène. J’aime beaucoup mettre en scène. Je ne dirais pas que c’est uniquement cinématographique, mais presque ! En gros, si tu mettais mes pochettes en format rectangle, ça doit pouvoir donner des affiches de film. C’est-à-dire que quand je me projette sur un Werenoi, je me dis “Toi je te vois en train de manger et de regarder un mec se faire pendre.” J’imagine toute une scène en fait. Mon brief sur l’album se résume à son titre : « C’est carré », à partir de là, j’arrive rapidement à en tirer une finalité. Ça m’évoque un film de mafieux d’Europe de l’Est et comme c’est un artiste assez mono expressif, ça colle bien.

Tu es un gros consommateur de cinéma ?

Ah mais je fais presque que ça ! Je consomme beaucoup de cinéma italien, de thrillers américains ou séries américaines. Gomorra, The Wire, les plus grands classiques, je les ai tous vus. Même du cinéma français, j’adore Depardieu, et tous les films un peu à l’ancienne. Eh bah tiens, par exemple ce soir je vais aller voir Barbie en plus. (rires)

Quelles sont tes inspirations ?

Je suis un dessinateur à la base, donc grand consommateur d’expos, de peintures. Je pense que tous les mois je vois en moyenne trois ou quatre expos. J’ai une quantité de livres d’art à ne plus savoir quoi en faire, je dois en acheter pas loin de quinze à vingt par semaine. Surtout ceux sur l’art contemporain. La période qui m’intéresse le plus est celle à partir des années 50 jusqu’à aujourd’hui ; tout ce qui est très classique, à part l’impressionnisme, ne me touche pas plus que ça. Par exemple Le Radeau de la Méduse (Théodore Géricault, 1818), je vais le trouver beau, mais c’est une œuvre qui me touchera moins qu’un Basquiat par exemple. Je suis très moderne dans mes références.
Mais tout m’inspire en réalité. Il suffit d’ouvrir Insta pour que s’offre à toi un feu d’artifice d’images, et en plus du monde entier.
Plusieurs arts me touchent, particulièrement la musique. Elle m’inspire beaucoup. Quand je crée, ça m’alimente énormément. Je suis très musique de film justement. J’écoute tout ce qui touche à la musique afro également. À l’époque quand les réseaux n’existaient pas, les gens pensaient que j’étais un renoi. Depuis que j’ai 12/13 ans, mon éducation m’a fait écouter énormément de musique afro-américaine. La soul, le jazz, le blues, je connais tout ! Je me suis nourri de ces genres musicaux et je continue d’y fouiner. Forcément on en revient à ça, je vais plus écouter un Kendrick ou un Travis. Rien que dans les sonorités, il y a des clins d’œil à tout ça en fait. Kendrick a repris Janette et Janette a repris le blues, tout est lié. Et ça, ça me passionne, c’est infini comment ça peut me passionner. Je pense que je place l’image et la musique au même niveau. Je suis vraiment un fou de musique.

As-tu toujours l’envie, le désir, de raconter quelque chose, une histoire dans tes photographies ? Quelle est la place de l’esthétique et du sens dans ton art ?

Je ne veux pas juste montrer de jolies photos, je veux qu’il se passe quelque chose, qu’il y ait une émotion, mettre le doigt sur quelque chose, c’est ça qui m’intéresse.
Et parfois, rien qu’avec un cadrage tu peux amener du sens. C’est tout bête hein, mais quand on prend la photo de Rihanna avec le ballon de football américain, sur fond blanc, il y a toute une symbolique derrière. Parce que dernièrement il y avait cette histoire de poing levé, de genou à terre, et en une simple photo, tu crées une communication hors pair. D’ailleurs tout le monde l’a recopiée. Avec le temps j’aime de plus en plus les choses minimalistes, mais puissantes. Je trouve que c’est ce qu’il y a de plus dur à faire. Parce que moi je viens de l’école où on charge beaucoup. Et le rap ça aide pas, c’est du feu, de la texture, du textile, laisse tomber. Avant j’étais un pur esthète technique. Je me disais : “Tiens on va tester de la 3D, on va faire ça, je vais mettre des voitures, des animaux, etc.” j’ai tout fait à ce niveau là. Et même si les rendus sont cool, je ne pense pas que ce sont eux que je retiendrais si je devais résumer mon book en 5 photos. Il n’y aurait sûrement que des portraits très minimalistes et ça me va plutôt bien.
Mais les Anglais et les Américains épurent leurs images depuis quelque temps. Le public français a encore du mal avec ça. Quand Travis balance juste une photo de lui sur un fond noir, le grand public va se dire qu’il ne s’est pas pris la tête. Mais quand on y pense, le classique de Tupac a été fait sur fond noir. Bob Marley pareil et c’est un portrait iconique. Les symboles ça doit rester, il faut essayer de raconter une histoire ou du moins essayer de faire avancer quelque chose. C’est dans ce sens-là que je veux aller avec mes expos.

Tu collabores essentiellement avec des acteurs du rap, rap qui veut dire rythme and poetry, qu’est ce que, selon toi, l’image peut apporter aux mots ?

Dans le rap, l’image illustre réellement un propos et je déteste ça de plus en plus ! Ce qui est plus fort, c’est de réussir à illustrer un mot avec quelque chose de complètement opposé. Et c’est peut être ça aussi, que j’aime dans certaines de mes pochettes. C’est de réussir à créer une émotion grâce à une image décalée du message initial. Stamina par exemple, de Dinos, littéralement ça veut dire endurance. Le Fifou de 17 ans quand il entend « endurance », il met un mec en sueur ou en action. Maintenant, il utilise un mec posé qui fait signe à un gamin, pour l’inciter à réfléchir parce que c’est ça qui permet d’être endurant. Stamina, c’est une mentalité. Et puis, il ne faut pas oublier qu’à ce moment-là, Dinos touche quand même un public assez jeune, donc créer des images plus poétiques, plus réflexives, ça a été un beau pari pour nous.

En tant que photographe spécialisé dans les couvertures de rap français, comment penses-tu que ton talent contribue à la représentation visuelle de la musique et de la culture hip-hop ?

Depuis mes débuts, j’ai toujours considéré ce mouvement comme quelque chose de big, autant que la chanson française et que Johnny. Je trouve quelque chose de beau chez les rappeurs et les rappeuses. Je fais en sorte de tout sublimer, même une tête arrachée ou un guettho délabré. C’est grâce à ça que j’ai réussi. Je veux créer de belles choses et en sortir le positif. Quand je shoote un Kalash Criminel, même si ses textes sont très bruts, moi je veux y injecter de la poésie, parce que l’humain (Kalash) a quelque chose de touchant. Ça veut pas du tout dire fragile. Ce n’est pas ça être touchant, pour moi touchant c’est être solaire. Dans mes covers, j’essaie de faire ressortir ce truc-là, quelque chose d’assez puissant. Parce qu’on est fiers de ce qu’on est. Ça contraste pas mal avec mes débuts, encore une fois.

Mais les goûts et les couleurs ça ne se discutent pas, chacun a sa propre perception de ce qui est stylé ou non. Pour moi une veste en fourrure verte ça l’est, des grillz ça l’est, je ne l’explique pas, c’est comme ça.

Quelle place, importance et rôle attribues-tu à l’image dans la société ? Quel est le pouvoir de l’image et quelle est, ou devrait être, la mission de l’image ?

Pour moi aujourd’hui, l’image est ce qu’il y a de plus important. Si tu acceptes de jouer dans un certain univers, un certain milieu, tu es obligé d’en accepter les règles. Aujourd’hui, l’image est parfois plus importante que le contenu, c’est dommage. Aujourd’hui, tu es obligé de savoir gérer ton image. Et je ne parle même pas de beauté, mais d’attitude, de style, etc. C’est d’autant plus valable quand tu es photographe. Tu dois vendre tes productions, alors si ce que tu dégages n’est pas attrayant, c’est chaud. Tu dois autant être créatif que réfléchi dans ce métier.

Et plus largement, quand on parle d’image dans la société, je pense aux quantités d’images consommées. Je trouve que la place qu’on leur donne dans certains cas est disproportionnée et pas représentative, faut se méfier. S’il y avait eu les téléphones en mai 68, on aurait largement pu comparer les images à celles de notre époque. Je ne pense pas que la société soit plus violente, c’est ce qu’on essaye de nous faire croire. On a simplement un plus grand accès aux images. Tout un chacun peut s’improviser paparazzi, tout le monde filme n’importe qui et n’importe quoi. L’impact de l’image peut être trop puissant. J’ai conscience de ça et justement, ces derniers temps, j’avais envie de gêner avec mes images, et je sais que les prochaines pochettes vont vraiment faire parler. C’est un risque et c’est flippant, mais c’est excitant.

Au-delà de ta contribution en tant que photographe, tu interviens également en tant que DA et graphiste, quelles sont tes ambitions futures en termes de DA, de réal et comment tu envisages d’étendre ton influence à d’autres domaines créatifs ?

En ce moment, ce qui m’intéresse le plus, c’est d’exister en tant que créateur visuel, et de faire vivre des expériences à travers mes expos. J’y ai pris vraiment goût et ça me fait kiffer. Pour la réalisation et la vidéo, j’ai commencé il y a longtemps, mais je tends à aller vers des aspects de plus en plus documentaires ou fictionnels, toujours avec un aspect très photographique. Je ne lâcherai jamais mon activité de photographe d’artistes parce que ça me passionne, mais je suis motivé à proposer mes visions ailleurs !

Quel est ton rapport au temps et à la modernité ? Est-ce que tu te sens toujours en phase avec ces jeunes qui arrivent sur le marché ?

C’est une chance que me donne mon boulot : collaborer avec la jeune génération. Je bosse quasiment qu’avec eux d’ailleurs. Ça passe par des Tiakola, à des jeunes graphistes de quinze/seize ans, etc. Dans l’image, les plus grands s’intéressent forcément à la nouveauté. Un Karl Lagerfeld, se devait de suivre les actualités pour créer des tendances, ça passe par un intérêt pour la jeunesse. Je suis obligé d’être dans l’air du temps, mais je ne vais pas être ce gars qui cherche à faire le jeune par contre (rires), j’accepte de vieillir ! C’est comme le bon vin, tu te perfectionnes de plus en plus. L’exemple des IA (Intelligences Artificielles) le montre bien, je fais partie des gens qui s’y intéressent et pas de ceux qui en ont peur. Tous les anciens m’appellent et me disent qu’on va perdre notre travail, mais finalement c’est comme avec le passage au numérique. J’ai connu la phase où le CD allait mourir alors qu’on n’en n’a jamais vendu autant, les vinyles reviennent, etc. Donc je suis plutôt optimiste. Et quand t’es optimiste et curieux, tu restes au goût du jour. Après les décalages existent, jamais je ferai un “quoicoubeh” ou j’sais pas quoi (rires). Mais je traite tout le monde d’égal à égal. Que tu sois jeune, ancien, ricain etc. Et pour revenir sur les collaborations, il faut que l’expertise et la jeunesse se mélangent, sinon c’est chaotique. Tu prends un Kanye West, son ingé-son il a 70 ans et son CM 20 ans. Il bosse avec les deux, c’est parfait. C’est un apprentissage des deux côtés et ça nous évite d’être trop enfermés.

Dans un contexte où de plus en plus de jeunes se tournent vers des domaines créatifs, le secteur de la photo reste encore relativement fermé, quels conseils donnerais-tu à ces jeunes passionnés qui aspirent à réussir et à avoir un parcours similaire au tien ?

En fait, le véritable conseil que je pourrais donner c’est de ne pas avoir peur de la défaite. Pas seulement dans le domaine artistique, dans tous les secteurs où on se lance en indépendant. On en revient à la notion de cardio : avant d’obtenir un résultat cool, va y avoir du temps. Sauf peut-être pour les génies, mais j’y crois pas trop. Il y a toujours un travail à fournir. Par exemple, Mozart savait jouer du piano à la perfection, mais il a commencé à l’âge de trois ans. Donc il ne faut pas perdre de vue la notion de travail et de persévérance, même si d’autres y arrivent plus vite que toi. Seulement se comparer, ça sert à rien. Il faut tirer quelque chose de ces comparaisons, une ou plusieurs motivations. Je fonctionne pas mal comme ça. Et surtout, ne pas perdre son objectif de vue. Rester persévérant, curieux, tester un maximum de choses. Autre vrai conseil technique : partir à l’étranger quand ta jeunesse te le permet. Au pire tu reviens “juste” bilingue, mais y a toujours plus à tirer de ce genre d’expérience. Il faut en profiter tant que ton train de vie ne t’impose rien. C’est un des seuls trucs que je regrette parce que si j’avais maîtrisé l’anglais à 100%, aujourd’hui je serai aux States.

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